Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Nicolas Plamondon
Le blog de Nicolas Plamondon
Publicité
Le blog de Nicolas Plamondon
4 avril 2009

Poisson Censuré

Il y a quelques semaines, Vincent Giard a proposé à plusieurs auteurs de ''webcomics'' de pasticher un autre auteur pigé au hasard jusque ça forme une chaîne. Chacun se fait passer pour l'autre en faisant une BD qui imite le style de dessin de l'autre, mais en y amenant un peu du sien. Un espèce de ''happening'' pour le premier avril où on avouerait à nos lecteurs la supercherie le lendemain.

circlejerk.

J'ai donc pigé Pascal Colpron et son blog Mon Petit Nombril ; une BD qui, comme son nom l'indique, raconte avec tendresse et humour les mésaventures de sa petite famille, la fois que sa fille adorée a dit se première phrase, la fois qu'il avait les cheveux trop longs, la fois  qu'il s'est mis à tousser et ce à quoi il pense quand il fait la vaisselle. J'ai relevé le défi et j'ai produit cette planche:

poisson_pascal
Copie_de_poisson_pascal

Mais suite aux plaintes de ses lecteurs, 2 jours plus tard, la planche a été remplacée par ça:

poisson_colpron

Alors je me suis permis d'expliquer mon oeuvre et de faire une petite mise au point moi aussi.

La contrainte était de se faire passer pour quelqu'un d'autre, d'imiter son style graphique tout en amenant, sur le plan narratif, un peu du sien. Imiter son dessin ne fut pas chose aisé car je dois reconnaître que ce bougre maîtrise pleinement ce qu'il fait autant sur le plan technique que dynamique et expressif. Cela dit, au niveau du contenu, ce que j'essaie d'inculquer à mon oeuvre est avant tout la pertinence et l'originalité. Or, je ne retrouve aucun de ces éléments dans la chronique autobiographique de Monsieur Colpron. J'ai donc tenter d'y apporter un peu du mien en emmenant de chez moi ce qu'il manquait chez lui: de l'intensité dramatique. À quoi bon parodier la comédie ou dramatiser le drame? Ça n'apporte rien de nouveau, ça tourne en rond et perd son sens. Parodions le drame ou dramatisons la comédie!

Envahit par la mode autobiographique, ma démarche est de vérifier si les auteurs et leurs lecteurs sont capables de comprendre et d'accepter la différence entre un humain qui existe et un personnage de BD. Même si tu racontes ta vie, si tu le fait en BD, tu fait de l'art et tu dois être capable d'avoir du recul et de comprendre que ce n'est plus ta vie, mais une oeuvre.
 
Ma BD est une remise en question des codes du projet ''Mon Petit Nombril''. J'ai essayé de balancer le bonheur incessant que Monsieur Colpron expose quotidiennement par une fausse tragédie pour mieux apprécier la réalité qui est pleine de joie, pour être soulager quand on lit ''Poisson d'Avril'' et réaliser à quel point on s'est attaché à un personnage fictif de bande dessinée (Même si ce personnage représente quelqu'un de réel, c'est quelqu'un que la majorité des lecteurs ne connaissent qu'en dessin)

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Je trouve ta réflexion sur les objectifs de ton art super intéressante et intègre. Si je la retire du contexte actuel, je comprends et appuie ce que tu dis à 100%! En plus, tu manies très bien le français et ta thèse est excellente. Je suis sincèrement impressionnée.<br /> <br /> Quant à l'histoire de censure... <br /> Je te dirais que tout est relatif, et que ce qui est la norme de quelqu'un n'est pas nécessairement celle d'un autre. <br /> <br /> Tu as dépensé énormément d'énergie émotive sur quelque chose qui ne dérange manifestement pas vraiment l'autre parti. Tu es le seul à te tourmenter dans cette histoire! <br /> Je ne pense pas que tu peux te permettre de parler de maturité quand plutôt que de prendre la chose sereinement tu postes ce billet aux tendances diffamatoires. <br /> <br /> Tout de même, mon sentiment est partagé. Sans cette histoire, je n'aurais pas pu lire ton propos, et il m'a vraiment marqué.
M
"Je suis né dans ce pays et j'y resterai tant que ma liberté d'expression sera respectée. Quand je voudrai habiter dans un pays dirigé comme ça, je déménagerai ailleurs, dans un pays ou règne la dictature. En attendant, je vais déménager mon oeuvre dans mon pays libre, sur mon site. http://portfolionico.canalblog.com Je la scanderai comme un drapeau que le dégoût ou le mépris des autres ne me fera jamais regretter."<br /> <br /> Oh, là là...<br /> <br /> La liberté des uns s'arrête ou celle des autres commence, Nicolas. Je fais ce que je veux sur mon site, libre à toi de faire ce que tu veux sur le tien. L'internet est vaste, t'as tout l'espace que tu veux pour déverser ton fiel.<br /> <br /> Lis-moi bien. Si je n'avais pas respecté ton travail, je ne l'aurais pas publié en premier lieu, parce que ta démarche est aux antipodes de la mienne, et visait à aliéner mon auditoire en créant un malaise. Que ce soit justifié ou non par une quelconque démarche, peu importe, c'est ton affaire; j'ai joué le jeu.<br /> <br /> Le premier avril passé, la blague n'a plus son lieu d'être. Je ne me suis pas engagé nulle part à la garder plus longtemps que nécessaire. J'ai mis un gros poisson sur ta planche pour clarifier sa nature auprès du public non-averti et des âmes sensibles. J'ai même laissé un lien vers ta planche originale, donc, c'est pas mal exagéré de crier à la censure. <br /> <br /> Tu vois, j'ai même pris la peine de retirer la mention "Poisson d'avril" à la fin de ton pastiche, pour respecter ton intention originale...<br /> <br /> L'art n'a pas besoin de provoquer pour être pertinent. C'est une conception très réductrice de sa fonction. Pour le reste, t'as droit à tes opinions, j'ai droit aux miennes.<br /> <br /> Allez, l'Artiste Incompris (tm), sans rancune. :)<br /> <br /> Pascal
A
Moi j'aime bien ta BD.<br /> ... et j'aime ton intégrité.
J
"J'ai essayé de balancer le bonheur incessant que Monsieur Colpron expose quotidiennement par une fausse tragédie pour mieux apprécier la réalité qui est pleine de joie, pour être soulager quand on lit ''Poisson d'Avril'' et réaliser à quel point on s'est attaché à un personnage fictif de bande dessinée"<br /> <br /> Je trouve la démarche que tu décris vraiment très bien. Je te souhaite de poursuivre ta réflexion pour faire que tes lecteurs (et les lecteurs de Pascal auxquels tu t'adressais pour une journée) puisse en saisir la portée, et d'améliorer la pertinence du malaise que tu cherches à susciter, sans faire de toi la victime d'une soi-disant dictature.<br /> <br /> Tu devrais t'estimer heureux des nombreux commentaires que tu as provoqué parmi les lecteurs de Pascal plutôt que de crier à un scandale que tu cherchais pertinemment à amener par ton œuvre. Le malaise est certes un art. Mais la provocation ? Elle n'ai surement pas le meilleur moyen pour faire passer une idée.<br /> <br /> Quand à la question de respecter les œuvres de autres, il me semble que le pastiche de Philippe Girard qui t'étais destiné n'a pas vraiment été mis en valeur sur ton blogue, si ? S'il n'est pas censuré, il semble tout de même un peu caché. J'ai été deux fois sur ton blogue au cours du 1er avril. La première fois, il était absent. La seconde, il était déjà loin dans la file de tes posts.
Publicité